Les huiles sur toile d’Anna Mindszenti Calisch, souvent de grandes
dimensions, sont toutes en noir et blanc, avec des figures floutées qui
font penser au tirage d’une photographie qui aurait été bougée, ratée…
Le parallèle n’est pas fortuit car les sujets figurés se révèlent à la
façon dont apparaissent ceux des images photographiques dans un bain
révélateur. Il s’agit bien d’une révélation,
d’une apocalypse picturale, d’un univers peuplé de fantômes arc-boutés
sur leurs mystères. Leurs ombres vacillent, vibrent, se dissolvent dans
le néant du fond, ne laissant saisir que leurs âmes impalpables et
évanescentes.
L’univers nocturne d’Anna Mindszenti Calisch n’est pas
vide. Il est dense, rempli de mouvements, de bruissements, de passages
furtifs, de présences incertaines, de combats dérisoires… En attendant
les premiers rayons d’une aube qui tarde à s’affirmer, les corps
baignent dans des halos fuligineux, brûlés par un feu intérieur qui les
consume et les réduit en cendres.
L’artiste place le spectateur face
à ses propres obscurités, aux zones sombres et irrévélées – au sens
photographique de ce terme – de sa propre personnalité, de sa propre
intériorité.